mercredi 27 janvier 2010

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Rue noire. Pavés mouillés. La pluie souille son maquillage outrageux. La lumière lointaine d'un client la fait sourire. Masque de circonstance. Elle s'approche, ondulant des hanches. Sa jupe dévoile ses porte-jartel dépareillés.

"50 $"

Elle monte. Il lui caresse la cuisse, se mordant la lèvre inférieure. La peur s'incruste sous sa peau, elle frissonne. En fermant les yeux, elle s'imagine loin, dans un pré en été. Elle coure, sa robe à fleurs danse sur elle en suivant ses mouvements. Elle s'allonge au pied d'un arbre et compte les nuages, un brin d'herbe au coin des lèvres.

Elle ouvre à nouveau les yeux et se retrouve nue, attachée dans ce lit miteux d'un motel de seconde zone, l'arcade ouverte. "il" est parti. Elle est encore en vie, victoire. Elle se détache lentement, douloureusement elle se rhabille. Les lumière de la ville glissent devant ses yeux telles des étoiles filantes. Elle rejoint son trottoir. Red nettoie sa plaie.

Une nouvelle voiture arrive et l'emmène dans son pré. Elle ne sait pas si elle reviendra et envoie un baiser à Red avec la main.

Ses paupières se ferment et elle sent l'odeur de l'herbe fraiche et de la terre. Se réveillera-t-elle cette nuit?

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